JM Lab Utopia Nova Or donc, passer le jour ousske Jefferson reçoit des enceintes de la taille des JMLab Nova Utopia, c’est assurément une expérience peu courante. Amusant de voir comment certains peuvent avoir une prévention contre JM Lab (j’en ai entendu froncer le museau puis me dire qu’ils… n’avaient jamais entendu les enceintes en question. Il paraît que JM Lab aurait sorti jadis une paire d’Utopia qui ne marchaient pas, ou pas assez bien pour leur prix, et que ça aurait engendré…… j’en sais rien vu que je n’ai pas entendu les précédentes… Ces enceintes là, en tout cas, m’ont fait l’effet d’une exception: on peut trouver moins bien et c’est plus cher, mais l’inverse ne sera pas facile! :mdr:
En tout cas, il faut savoir prendre des risques pour écouter des enceintes: PLM en sait quelque chose, vu que quand on est arrivé, il venait de se poser l’une des deux colonnes sur l’index de la main droite, répandant ainsi son précieux sang sur la moquette de l’auditorium (que ceux qui s’y rendront regardent avec attention: nous allons faire poser une plaque commémorative), et Sandrine était en train de le recoudre avec de la ficelle à rôti est une alène de bottier! :o :o :o Les deux sarcophages qui avaient servi à transporter les deux énormes colonnes étant encore devant le magasin, ça donnait une idée du poids des machines – et effectivement, aucun index au monde n’aurait pu supporter pareille chose…
D’ailleurs la vue des deux monstres à l’étage nous l’a vitre confirmé:
- 130 Kg pièce – 1,337 m de hauteur pour 44x62,21 de surface
- un bornier simple à l’entrée qui accède à deux systèmes de coffrets: avec un 40 dans le coffret du bas, et dans les trois coffrets du haut, deux médiums encadrant le tweeter béryllium – c’est une trois voies pour 4 HPs
- ça annonce 91,5db de sensibilité (pour 2,8V) et une bande passante de 25Hz à 40Khz à +/- 3db (chute à –6db à 20Hz), pour une impédance nominale de 8 Ohms (avec à peine une petite chute en dessous de 200Hz, crois-je me souvenir avoir lu dans un BE, mais je sais plus lequel, et le tout restant au dessus de 4 Ohms): donc ça reste facile à piloter (on évitera quand même les 300B…
)
- de même je me souviens que je m’étais fait la réflexion en examinant les mesures de la courbe de réponse que présentait le BE, qu’une petite remontée du grave en dessous de 100Hz devait donner une assise à ces enceintes (et effectivement………)
Or donc, quoi qu’il en soit, les enceintes fonctionnaient déjà à l’étage avec en source:
- un lecteur intégré SCD-010 de chez Vitus Audio:
qui a succédé presque tout de suite au Méridian qui était branché à notre arrivée.
- un préampli K3 de chez Ayre:
(la discussion était ouverte hier de savoir s’il était au catalogue en même temps que le K1 comme je le croyais et à a été remplacé par le K5 ou pas – en tout cas, il y en a un chez Jeff)
- un ampli 150 de chez Goldmund (surnommé la petite crotte par Jeff…
):
et quelques morceaux de fil… qui furent changés en cours de route – mais là, je laisserai PLM en causer
Or donc, quand on entre dans un auditorium dans lequel des enceintes telles que celles-là viennent juste d’être posées par terre, ne sont pas encore placées (même pas parallèlement ni montées sur leurs pointes), et que les électroniques ne sont branchées que depuis 10 mn et qu’en se plaçant devant on a déjà l’impression que l’écoute est excellente, et du niveau du meilleur de ce qu’on a jamais entendu auparavant, on se dit que bon: la suite devrait être plus qu’intéressante. Car c’est ça qui frappe le plus dans ces enceintes: neuves, n’ayant jamais tourné, et posées telles quelles elles marchent toute de suite de manière exceptionnelle. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas tourner autour et chercher – ce à quoi la suite de l’écoute a été consacrée (et à mon avis, la recherche continue et je ne pense pas que Jeff ait beaucoup dormi la nuit passée). Je ne peux pas dire si le fait de changer le lecteur Meridian pour le Vitus Audio est la raison de l’amélioration que j’ai cru ressentir (ça m’a paru plus fluide et plus naturel pour ma part), ou si ça tient au fait d’avoir posé les enceintes sur leurs pointes, ou si la chauffe des électroniques – mais chacun est prévenu: pour en faire le tour, il faudrait y coller plusieurs lecteurs et prendre beaucoup plus de temps…
Un certain nombre de disques se sont succédés – je laisserai PLM parler du résultat avec les morceaux qu’il a passés et qu’il connaît le mieux. Car, autant le dire, l’écoute fut régulièrement péhellaimisée! :mdr: Ce qui signifie que les niveaux sonores atteints eussent transformés en gruaux d’orge maltée le peu de cervelle dont la nature m’a doté si je n’étais, de toute évidence, lobotomisé depuis longtemps par mon intérêt pour la hifi! :idee:
Donc, après avoir aidé Jeff à placer les pointes en dessous des enceintes, de les poser quand même à peu près bien, les morceaux se succèdent.
Et d’abord pour ce qui me concerne, de Pink Floyd,
Dark Side of the moon – avec un premier constat qui ne se démentira pas un seul instant: ça fait du vrai grave! Du qui descend de manière abyssale tout en modulant et se ressent physiquement dans les parties tendres et/ou creuses du corps! Un morceau d’orgue passé à plusieurs reprises m’a donné cette impression de réalisme que je n’ai entendu qu’une ou deux fois sur ce registre là – car entendre à la fois la modulation d’un orgue et la respiration du lieu où il est joué quand on passe un disque…… Toujours est-il que là, c’est tout à fait exceptionnel. Autant le dire tout de suite: s’il est tout à fait évident que le Telos 150 s’en tire fort bien, les deux blocs 400 qui lui ont succédé faisaient mieux sur le même morceau. Ça m’a paru descendre plus bas et en même temps être encore plus fluide et donner encore plus détail sur la “respiration de la pièce”.
Ces enceintes présentent un évent laminaire (dans la partie inférieure de la façade): et il est très étonnant d’aller constater que ça “ne souffle” pas et qu’on n’entend aucun bruit, aucun pompage – dans ce qu’on entend, ça sonne comme un gros sub à charge close.
Un petit passage par Waters –
Amused to Death – le confirme, tout en indiquant que les dames réclament qu’on leur porte attention et qu’on les installe un peu mieux. Les coups de hache sont tellement secs et brutalement assénés que j’ai eu l’impression de me faire fendre ma tête de bûche. En revanche, les enceintes sont installées de manière assymétrique dans l’auditorium (et non dans la longueur comme je l’aurais choisi pour ma part). Du coup, quand on se déplace dans la pièce, on entend clairement que ça ne charge pas identiquement à droite (plus) qu’à gauche (moins). Et de même, le placement demande à être rectifié: la calèche (célèbre et tant révérée par Carbo, Alain, PLM et autres watersianophiles pérousiens) passe en venant de loin derrière à gauche, mais s’arrête un peu court à droite en ayant tourné seulement un peu. Alors qu’à l’inverse, la moto qui passe de droite à gauche (et là, j’ai pas rêvé: on entendait clairement que c’est Alain qui la pilote, car j’ai clairement reconnu sa manière de cligner des yeux!
) poursuit sa course loin derrière à gauche.
Il est très logique que des enceintes d’une pareille taille interagissent fortement avec la pièce. Et pour ceux qui voudraient un auditorium parfait et une écoute parfaite à l’essai, je comprends bien: mais d’un autre côté, l’avantage, ici, c’est qu’on peu avoir un aperçu de ce que ça donnerait s’il fallait installer ces enceintes chez un particulier, c’est-à-dire dans une pièce qui, le plus, souvent, est tout sauf parfaite. A quoi bon des enceintes formidables mais qui exigent un auditorium de l’ircam chez soi pour être utilisables? Autant pouvoir examiner la chose de manière plus réaliste.
Recours donc au disque de Jordi Savall consacré à Vivaldi (Intégrale des concertos pour viole de gambe, AliaVox 9835), qui me permet de constater ce que je pensais depuis un moment (mais j’ai toujours plus de doute sur mes oreilles que sur le réel): l’image est toute de guingois, un peu comme si le côté gauche se déformait en avançant vers l’avant tandis que les plans s’écrasaient les uns sur les autres à droite. Il faut bien se rappeler qu’il ne s’agissait pas, hier soir, de l’écoute d’un système installé, au point, rodées etc etc – mais au contraire de chercher à tirer parti de et à installer. De ce point de vue, ces enceintes sont tout à fait exceptionnelles: il suffit de les déplacer de quelques centimètres pour
entendre la scène sonore de déplacer et se mettre en place ou se déformer! Jeff a déplacé les enceintes au fur et à mesure que l’on écoutait en en une dizaine de minutes de recherches et de tâtonnement, on a entendu la scène sonore se mettre au point de manière tout à fait réaliste. Une fois mises en place, plus aucune déformation et même au contraire: une scène sonore élargie à trois places devant sans plus d’effet de surlocalisation (ou de hotspot) et plus d’aération et de facilité dans le son.
Sur la plage 4 du disque de Savall, le résultat était étonnant, à la fois par la justesse et la précision des timbres et par la scène holographique formée devant l’auditeur – t’as l’impression qu’il suffirait de brancher un écran aux enceintes pour qu’elles te sortent l’image en prime! :o
Durant que le temps que j’étais là, le lecteur n’a pas été changé (sauf au début), mais les amplificateurs une fois et le préampli ensuite par un passage du Ayre K3 à un Goldmund 27 – si j’ai bien compris (je n’arrive pas à retenir les noms des différents modèles de cette gamme
). Petit passage par la case George Crumb – et non, pas la peine de lever les yeux au ciel, ça n’était ni le quatuor
Black Angels ni
Unto the hill: c’est
Vox Balaenae, dans la version proposée par le volume 12 de la Crumb Complete Edition de chez Bridge Records (plus d’info là:
https://comptoirsonimage.1fr1.net/decouvertes-f11/un-compositeur-a-decouvrir-george-crumb-t906.htm ). Je n’insisterai pas sur le fait que j’aime beaucoup à la fois ce compositeur, et ce morceau là en particulier (avec deux ou trois autres dans son œuvre), mais, qui plus est la qualité technique de l’enregistrement me paraît exceptionnelle et il présente des difficultés redoutables pour les systèmes hifi et pourrait servir de morceau de démonstration.
Et non seulement les enceintes s’en tirent à merveille, mais qui plus est ça permet de se poser des questions sur ses goûts et sur le type d’électronique à associer. A mon avis, il est évident que les Goldmund 400 s’en tirent mieux que les 150 (on attend l’arrivée des 1000 pour amorcer les génuflexions!
); et, pour ma part, ce que j’ai entendu avec le préampli Ayre m’a paru exceptionnel: pas une seule trace d’agressivité ni sur le piano amplifié, ni sur la flûte – et le tout avec une voix parfaitement modulée jusque dans ses modulations les plus subtiles. Le passage par le préampli Goldmund symétrique s’est fait sur un autre morceau (choisi par PLM) est s’est soldé par une agressivité à mon avis accentuée: éjection du dit préampli pour la version assymétrique de la gamme et retour immédiat au calme avec ajout d’une extension dans l’aigu et une sorte de luminosité ou de dynamique dans l’aigu. C’est-à-dire de nettes différences, qui suscitent la discussion. Le Ayre, sans enjoliver les choses ni les accentuer (me semble-t-il) propose une musique moins rapide (le Goldmund restitue peut-être mieux la dynamique), mais dont les timbres sont plus pleins et plus nets. Le préampli Goldmund donne un ensemble qui paraîtra sans doute plus classieux et plus élégant à certains: ça donne envie de monter le volume jusqu’à plus soif (ce dont PLM ne se prive d’ailleurs pas! :mdr: ). Pour ma part, je préfère subjectivement le Ayre au Goldmund – et je serais curieux de voir ce que ça donne avec d’autres lecteurs, d’autres électroniques etc: car je suis quasiment certain que comme tous les changements, même les plus petits s’entendent directement avec ces enceintes, on doit pouvoir trouver de quoi faire des compositions pour les goûts de chacun – depuis l’écoute de type Goldmund, jusqu’aux choses les plus différentes, et sans rien perdre des qualités intrinsèques des Nova.
Car, un dernier petit passage par Dire Straits et l’album
Brothers in arms (la couche CD du pressage SACD sorti pour l’anniversaire du disque) le confirme entre autres essais (au nombre desquels il y eut évidemment
Mission Impossible, œuvre sans laquelle il n’est point d’essai possible…
): ça fait aussi bien du rock’n’
à niveau réaliste que de la musique baroque classique de format musique de chambre, ou de la musique contemporaine façon “qu’est-ce qu’on fait? on se risque dans le bizarre même si y’a de la pomme dedans”. Et quand je dis à niveau réaliste, je le dis au sens propre: c’est pas du tout un bonzaï qu’on obtient ou un modèle réduit – c’est le format concert live. Pour ma part, ça n’est pas ma tasse de thé… PLM et Alain, eux, si (et je suis quasiment certain que si Carbo écoute ces enceintes, y’en a des qui feront encore moins les malins et que ça devrait lui plaire beaucoup): c’est ça, les hommes, les vrais, les parfumés au diesel, habitués des grands froids canadiens et qui se coupent deux séquoias multicentenaires chaque matin au réveil pour se décrasser les poumons! :mdr: ça vous fait des écoutes pour de vrai!
N’empêche que, dans les (rares) moments où j’ai obtenu qu’on baisse un peu le son, histoire de revenir à des volumes peut-être moins réalistes mais plus doux et aimables (à la mesure de ma physiologie déficiente), la preuve est faite que ça marche aussi bien à faible volume qu’à très fort volume. Ce qui est un dernier point que je trouve intéressant, et qu’on peut exprimer facilement: quand on baisse le volume rapidement (en passant d’un affichage 14h30 à 11h sur le Ayre ou de 70 à 35 sur le Goldmund! :o )
on n’éprouve pas de frustration et on n’a pas l’impression que le système s’éteint (on peut essayer avec toutes les compositions et systèmes quand on va écouter en auditorium: c’est toujours un test instructif).
Que dire de plus? Remercier Jeff – et Sandrine! – pour leur accueil amical et cordial (café et boissons: l’hospitalité et la gentillesse, en Franche Comté, ne sont pas de l’ordre de l’imaginaire mais de la réalité!), et m’excuser d’être parti à la fois tard et trop tôt…
Mais bon: minuit, heure du crime, plus le fait de suivre la saleuse pendant 100km sous les averses de verglas m’ont fait expier ce crime! :idee:
Pour la suite et la rectification des erreurs et lacunes (dans le matériel employé, les câbles, les références etc), comme pour les essais ultérieurs, je laisse la parole à Alain, PLM – et à Val qui, j’en suis sûr, en dira plus que moi.
Bonne année et bon réveillon à tous.
Cdlt