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| Mais que faire avec ces enfants difficiles, handicapés etc. ? | |
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bolox Dieu du Son et de l'Image
Messages : 6754 Date d'inscription : 06/04/2008 Age : 56 Localisation : Stenay
| Sujet: Mais que faire avec ces enfants difficiles, handicapés etc. ? Jeu 11 Nov 2010 - 18:41 | |
| Vous avez probablement suivi l'affaire de l'ERS de Craon. Pour résumer, un internat a été créé au sein d'un collège de campagne pour y accueillir une quinzaine d'enfants jugés "très difficiles" d'un point de vue comportemental. L'affaire a évidemment très vite tourné court quand 5 de ces élèves ont agressé sans ménagement et sans raison d'autres collégiens. Cette affaire, selon l'ineffable Luc Chatel JUSTIFIE la création de ces "unités spéciales" car "en France, tout enfant, quelle que soit sa difficulté, doit pouvoir aller à l'école publique". C'est-y pas beau ça ? On dirait presque un discours d'un gars de gauche ! D'ailleurs, Sarko a annoncé cette année en grandes pompes que les enfants autistes ont désormais le droit d'être scolarisés à l'école publique ! Quel humanisme ! Quel esprit de solidarité !
Sauf que : - depuis la création de l'école publique, gratuite et obligatoire par Jules Ferry, tout enfant, quel qu'il soit peut intégrer l'école publique de son quartier : c'est l'un des points essentiels de cette loi fondatrice. Dans les faits, cette intégration se pratique depuis longtemps, même s'il existe toujours certains cas isolés de directeurs faisant de l'abus de pouvoir en refusant des gosses (c strictement interdit). Nous accueillons ainsi dans nos écoles tout enfant justifiant sa résidence principale dans le secteur de recrutement : cela concerne bien sûr les enfants handicapés, difficiles, mais aussi les enfants étrangers, même en situation irrégulière. - la France a un retard énorme dans la gestion des enfants "particuliers" : il n'existe pas d'écoles spécialisées comme en Belgique, et le peu de structures destinées à accueillir les enfants différents sont pour la quasi totalité d'entre elles des structures à temps partiel, avec des gens peu ou pas formés. - il y a eu des tentatives de réponse, avec notamment la création des CLIS ou des SEGPA, qui demeurent imparfaites mais proposent au moins d'accueillir des enfants en difficultés dans des conditions à peu près satisfaisantes.
La politique du gouvernement actuel est donc l'intégration à tout va, et ce pour une raison, et une seule : ça coûte beaucoup moins cher ! Il semble en effet évident qu'envoyer les enfants autistes dans les classes normales revient bien moins cher que de leur créer des écoles adaptées. Bon, c'est con car l'agoraphobie est une des caractéristiques principales de l'autisme et que beaucoup d'entre eux (dont ma fille) vivent une scolarisation au milieu de 25 élèves comme une souffrance insupportable. Bof, pas bien grave : qu'est-ce qu'on en a à taper finalement de ces débiles mentaux ? Y sont pas si nombreux... Pour les enfants présentant des troubles du comportement, c'est pareil : intégrons-les dans des petits collèges chez les péquenauds (comme les déchets nucléaires), quitte à faire courir des risques aux autres élèves (mais de préférence, on fait ça en campagne, et pas à Neuilly ou dans le 16e). Y aura qqs "incidents", ça gueulera sur le coup, et on oubliera. Et hop, une petite dizaine de millions d'économisés !
Dans le principe, pourquoi pas : on peut décider de ne rien faire pour ces enfants différents, ou économiser des thunes sur leur dos, mais de grâce, faut vraiment arrêter de prendre les gens pour des gros cons en les enfilant sans arrêt tout en leur disant que c'est pour améliorer leur transit intestinal...
Faudra aussi que je vous raconte le combat infernal que nous menons pour obtenir la carte handicapé pour notre fille : ça vaut vraiment le détour... | |
| | | bop Dieu du Son et de l'Image
Messages : 6378 Date d'inscription : 06/04/2008 Age : 56
| Sujet: Re: Mais que faire avec ces enfants difficiles, handicapés etc. ? Jeu 11 Nov 2010 - 19:00 | |
| J y reviendrai, mais nos voisins Belges sont énormément en avance sur nous sur ce point. Déjà, parlons infrastructure: une école accessible aux handicapés, ca existe où? Et attention, quand je dis accessible, je ne parle même pas d´un ascenceur pour chaise roulante, je parle juste par exemple d un trottoir abaissé. Ensuite parlons vocabulaire: enfants différents? Et pourquoi pas déjà enfant tout court??? Formation: la majorité des enseignant n´a absolument aucune idée des différents handicaps physiques ou moteurs, lourds ou légers, pouvant affecter un enfant, ni bien évidemment de la façon de les aborder. Suivi, accompagnement psychologique, pédagogie adaptée: aujourd´hui tout disparait! Comme le dit Bolox, c est "qu´ils se démerdent, de toute façonsm risquent pas de faire grève ceux-là". J´ai été confronté à l intégration d´une handicapée physique lourde une année en CE1, puis d´une handicapée mentale lourde l´année suivante en CM2. Je vous assure que j´en ai pleuré tellement je ne pouvais rien apporter. Pas préparé, pas d emoyens, pas de formation. Aujourd´hui, il se trouve que je me suis engagé bénévolement pour suivre une gamine de 12 ans qui présente de lourds symptômes de retard mental, séquelles conséquentes sur le plan psychologique, légères sur le plan moteur mais bien sûr très importantes sur le plan scolaire. Le discours officiel , c´est "passe À ton voisin" Jusqu´à quand? Ben jusqu´à la case échec, voire benne À ordure. Pardon mais je n´arrive plus à voir ça autrement. Cette gamine, je l´ai eue en CM2 et je vous assure que ma fierté absolue, c´est que :1 . elle arrivait en classe en souriant 2. elle participait, oui, elle prenait la parole 3. elle a "réussi" son année, moyennement mais bien mieux que des enfants dits "normaux". Elle m´a remis en fin d´année un dessin qui disait ca: avant: aprÈs : Et tout ca grâce a l´Education Nationale actuelle. Ben non, il n´en reste que des ruines, et même pas fumantes. Simplement parce que j´ai fait mon boulot. J en tire fierté mais aucune gloriole. Parce que justement, il y en a d autres des gamins comme ca, et qu on ne fait RIEN pour eux. Et le peu qui existe est mis en pièce par ce gouvernement d emerde qui est le notre actuellement. Santé-Education-Justice, faites le bilan ! | |
| | | bolox Dieu du Son et de l'Image
Messages : 6754 Date d'inscription : 06/04/2008 Age : 56 Localisation : Stenay
| Sujet: Re: Mais que faire avec ces enfants difficiles, handicapés etc. ? Jeu 11 Nov 2010 - 21:04 | |
| - Citation :
- Ensuite parlons vocabulaire: enfants différents? Et pourquoi pas déjà enfant tout court???
Attention Eric, car c'est justement le discours politique actuel. Ces enfants sont différents, et doivent donc être appréhendés différemment. Pour moi, ça n'est pas du pointage de doigt et ça n'a rien de péjoratif, mais on ne fait pas cours à un enfant aveugle comme à un enfant autiste. Ton expérience avec l'enfant "lourdement" handicapée fait aussi plaisir à entendre car on voit que des gens comme toi, qui sont impliqués dans ce qu'ils font, existent encore. Mais d'un autre côté les conclusions que tu en tires me semblent très réductrices car elles pourraient laisser entendre que l'on peut "guérir" ou apporter une réponse aux handicapés mentaux uniquement par la volonté de bien faire, ce que cherche finalement à faire croire le gouvernement actuel. On peut faire passer une bonne année à une gosse différente, on peut la faire progresser ne serait-ce qu'infimement, mais il faut bien garder à l'esprit que les handicaps mentaux comme l'autisme sont des maladies, pour la plupart incurables, qui peuvent être combattus jusqu'à une certaine limite avec des moyens adaptés. Tu ne combats pas un cancer avec des gens motivés, mais avec des spécialistes et des moyens particuliers : c'est rigoureusement la même chose avec l'autisme. | |
| | | bop Dieu du Son et de l'Image
Messages : 6378 Date d'inscription : 06/04/2008 Age : 56
| Sujet: Re: Mais que faire avec ces enfants difficiles, handicapés etc. ? Jeu 11 Nov 2010 - 21:22 | |
| J´entends bien. Je me place dans la perspective d un instit lambda qui fait ce qu il peut face a, finalement, des enfants. Ce que je veux surtout souligner, c est que des collègues comme moi, il y en a beaucoup. Mais que derrière il y a de moins en moins de moyens, voire même plus du tout. je sais bien que la portée d emes actions est très limitée mais c´est dans mon cadre tout ce que je peux faire alors je le fais. Ensuite, dans la terminologie officielle, tu as raison de le rappeler, on tend a gommer tout ce qui gene, tous pareils, tous traités de la même facon, sans se demander si en effet il n y aurait pas quand meme une adaptation a faire dans les structures.
Quand je dis "enfant" d´abord, plutot que enfant handicapé, je ne souhaite pas accompagner ce discours du meilleur des mondes, seulement souligner que cette economie des moyens se fait avant tout au dépend d´enfants, handicapés ou non. Je sais bien que ce qu on apporte est tre sminime et que les possibilités d amelioration ne passent pas vraiment par l education , mais sans doute plutot par la medecine. Et comme dans cette voie, ce st déjà assez bouché alors chez nous...
Ceci dit, je me souviens de l ecole de ma fille aux Etats Unis. Primary school publique, de quartier (on est pas trop du style ecole internationale...): 3 handicapés sur 24 gamins dans la classe. Ils sont restés handicapés mais l´accompagnement dans leur scolarité était exemplaire: auxiliaires de vie, ecoles amenagees, horaires flexibles, profs formés... Au moins, cet aspect de leur vie n´était pas trop une souffrance. Quand à la Belgique, meme ici, on conseille aux parents de franchir la frontiere tant c ets la meme incurie.
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